Ce n’est pas parce que les Limiñanas raflent tous les prix d’excellence dans nos cœurs de rockers depuis une quinzaine d’années qu’ils n’ont pas le droit de continuer à nous étonner ! Les voilà de retour avec « Faded » où accompagnés de malfaiteurs notoires comme Rover, Bobby Gillepsie ou encore Jon Spencer, ils raflent (encore) le jackpot ! Interrogatoire en bonne et dûe forme de leur moitié, Lionel Limiñana pour Rock Sound.

The Limiñanas
15 ans de carrière, un Olympia complet, un douzième album acclamé et une couverture chez Rock’n’Folk : comment vont les Limiñanas ?
Lionel ( The Limiñanas ) : On est hyper contents. Les copains arrivent demain pour répéter la tournée. On est assez étonnés par l’accueil de l’album. Quand on m’a dit qu’on avait rempli l’Olympia, j’étais le premier surpris.
« Spirale », l’instrumental qui ouvre votre nouvel album est un morceau très sombre.
Lionel (The Limiñanas ) : Ouais c’est un générique de début, c’est comme ça qu’on le voyait. C’est un des seuls morceaux que l’on n’a pas souhaité soumettre à des copains. C’est assez dark effectivement.
« Prisonner of Beauty » est un hommage à toutes ces actrices qu’Hollywood a maltraitées. Pourquoi cette obsession ?
Lionel : Pas seulement Hollywood, toutes les actrices du monde entier. Quand on a commencé à enregistrer cet album, on était assez mélancoliques avec Marie. On avait perdu des gens proches. Ce n’était pas un terrain pour faire de l’esprit à l’inverse de Dutronc ou de Ronnie BIrd qu’on admire beaucoup. Jusqu’à présent, on écrivait des chansons dans ce mood-là, un peu tordues, un peu drôles.
J’ai travaillé sur trois musiques de films et celui de Brigitte Fontaine, on regardait beaucoup de films, ceux qui nous ont nourri dans les années 80, ceux de Zemeckick ou Carpenter, on voyait toutes ces actrices qui ont disparu parce que physiquement moins attrayantes, et on avait envie de parler de ça, sans faire dans le concept album non plus. La chanson « New Age » du Velvet, parle de ça, d’un fan qui rencontre une star déchue. On voulait que nos invités déclinent cette idée. « Faded » présente treize visages d’actrices effacées… On ne voulait pas donner de noms. Tu as des stars et des anonymes et même des membres de nos familles.
« J’adore le monde » marque une nouvelle collaboration avec Bertrand Belin et sa diction brillante. Vos fans demandent quand vous allez faire un album entier ensemble !
Lionel (The Limiñanas ) : Dès qu’il voudra, on est déjà partants. On bosse tout le temps chacun de notre côté, on n’a jamais eu le temps de se poser. Si on devait compiler tous nos morceaux avec lui, on remplirait déjà une face.
« Shout », le morceau avec Rover sonne très Cramps !
Lionel (The Limiñanas ) : À mort ! Du rockab’ assez classique. Je suis très fan de ce groupe. Un morceau que j’ai enregistré très rapidement sur mon téléphone. On était très fan de Rover et lui, de nous. Notre ingé lumière nous a mis en contact.
« Faded » est un morceau fabuleux qui aurait mérité de remonter le temps pour figurer dans « Mulholand Drive ». Parlez-nous de sa conception avec Penny.
Lionel (The Limiñanas ) : Ah merci ! Je suis fan des années 50. C’est une grille d’accord classique des Falcones. On avait travaillé avec Pascal Comelade et on avait fait une fixation sur les Mariachis. On a participé à une session avec des musiciens que l’on ne connaissait pas et on a fait connaissance avec Penny. On a écouté sa maquette. Elle est démente, c’est une personnalité foret avec une attitude. Je lui ai fait écouter l’instrumental et elle a écrit le texte et le titre.
Il y a d’ailleurs ce clip qui rend hommage à la loge rouge de Twin Peaks ! N’avez-vous pas envisagé une collaboration avec sa muse Chrysta Bell comme Christophe en son temps ?
Lionel (The Limiñanas ) : On aurait adoré !
Que vous a inspiré sa mort ?
Lionel (The Limiñanas ) : J’aimais beaucoup ses premiers films. J’ai découvert « Eraserhead » en K7 vidéo, puis il y eu « Eléphant Man » qui m’a retourné. Mon fils de 17 ans regarde des films gore, mais Lynch l’a vraiment ému. J’ai 52 balais et à chaque fois qu’un de nos héros se barre, on se rend compte de l’échéance qui se rapproche. Tout comme Michel Blanc, ça m’a tué, j’y pense encore. Le jour où Keith Richards va mourir, Iggy…
« Faded » est aussi un modèle d’équilibre entre les voix masculines et féminines…
Lionel (The Limiñanas ) : Je n’y avais jamais pensé, on n’a pas fait exprès. Intéressant, je note.
À ce propos, ce festival de special guests ne va pas poser problème pour la restitution live de vos morceaux ?
Lionel (The Limiñanas ) : On a un chanteur, Tom qui se chargera des textes en anglais, pour ceux en français il va falloir trouver une solution. A chaque fois, on est obligés de bricoler. On ne pense jamais à la scène au moment de l’enregistrement du morceau. Nos accompagnateurs live, on les choisit pour ce qu’ils jouent, on ne leur force pas la main, si la sauce ne prend pas, on laisse tomber.

The Limiñanas
Les voix chez Les Limiñanas sont souvent posées et nonchalantes. Et là vient celle de Jon Spencer…
Lionel (The Limiñanas ) : Ouais. On n’a pas pu le faire en studio, on a bossé par correspondance. Il était déjà sur le haut du panier indé, il avait déjà un pied dans la noise, un autre dans le rockabilly. On lui a envoyé les deux morceaux qu’on jugeait les plus suicidesques. C’est la chanson la plus noire de l’album et sur laquelle on a le plus bossé. Chaque nuit, il nous faisait des propositions, j’ai appris plein de trucs avec lui.
Il faut attendre les neuvième et dixième titres pour entendre les voix de Lionel et Marie Limiñana sur leur propre disque. C’est un peu comme si tous ces guests avaient assuré votre première partie.
(Mort de rire) Pour nous le chant, c’est un poste comme les autres, on n’a pas forcément envie de se mettre en avant avec Marie. Même en live, la position du chanteur est la même que celle du guitariste.
Le texte très ambitieux d’ « Autour de chez moi » s’inspire du poète Bernard Heidsieck… ça change des sempiternels Baudelaire, Rimbaud ou Verlaine !
Lionel (The Limiñanas ) : C’est mon grand frère qui me l’a fait découvrir. Il faut écouter ça au casque avec la stéréo, ça rend fou ! J’avais commencé à piquer sa voix mais pour des raisons de droits d’auteurs, je n’ai pas pu la sampler. Mais la famille a accepté que l’on emprunte sa métrique.
Le Velvet semble clore cet album avec la reprise de « Louie Louie »
Lionel (The Limiñanas ) : « Louie Louie » reste ma chanson préférée. Je collectionne toutes les reprises de ce morceau, il y en a des milliers. On a été contactés cet été par notre éditrice américaine ; elle avait un catalogue de classiques anglo-saxons et l’autorisation d’en faire des adaptations comme à la grande époque des artistes Vogue. Et dans le listing, il y avait la Motown, les Kinks et « Louie Louie ». Ce que raconte la chanson est aussi une histoire d’abandon et de quelqu’un qui attend l’être aimé. Ce qui colle à fond avec les propos de l’album.
Site officiel : https://www.theliminanas.com/
Insta du groupe : https://www.instagram.com/the_liminanas/