Live report : Turnstile au Zénith de Paris

par | 5 Déc 2025 | Live Report

Temps de lecture : 5 min

Ils sont désormais considérés comme les nouveaux princes du hardcore. Pour certains, héritiers de Rage Against the Machine par leur énergie politique et physique ; pour d’autres, les architectes d’un chaos maîtrisé, capables de transformer chaque concert en une fête totale. Turnstile est devenu un phénomène, et ce soir de novembre 2025 au Zénith de Paris, la foule venue les retrouver le sait déjà : elle va vivre bien plus qu’un simple concert.

Un live report qui fleure bon la sueur des mosh pit, le pogo furieux-mais-respectueux, (même si il y a bien dû y avoir quelques chevilles meurtries et quelques centaines d’orteils décédés), et les cheveux collés en fin de concert… Avec les mots de Caro (oui j’étais postée en observation dans les gradins, la vue est meilleure) et les belles photos de François Capdeville (en immersion dans la foule) !

L’attente est palpable. Beaucoup se souviennent de leur passage incandescent à l’Olympia en 2024, d’autres évoquent encore leur prestation remarquée au Hellfest, où la poussière des pogos semblait ne jamais retomber. Dans les files d’attente, les looks racontent l’histoire : vestes patchées, sweats colorés, tatouages apparents, cheveux déstructurés. Un mélange de vétérans du hardcore et de nouveaux venus, tous unis par la même impatience.

 

 Turnstile au Zénith de Paris

Turnstile au Zénith de Paris

 

La soirée commence avec High Vis, dont le post-punk tendu installe une atmosphère sombre et nerveuse. Puis The Garden prend le relais avec son art-punk déstructuré, étrange et hypnotique, qui désoriente autant qu’il fascine. (Pour ma part je suis plus perplexe que fascinée mais je ne demande qu’à mieux connaître pour mieux apprécier). Deux secousses avant le séisme, deux univers contrastés qui préparent le terrain. Pas de photos des premières parties, sorry guys, car les photographes sont coincés dehors jusqu’à 21h15.

Et puis, les lumières s’éteignent. Le silence suspendu se brise sous les premières notes de Never Enough. La fosse explose instantanément : une vague furieuse emporte tout sur son passage. Les corps s’entrechoquent, les cris se mêlent aux guitares, et l’énergie se répand comme une traînée de poudre. Le Zénith devient un champ de bataille joyeux, une fête incontrôlable.

 

 Turnstile au Zénith de Paris

Turnstile au Zénith de Paris

 

Turnstile Love Connection embrase la foule. Les gradins se lèvent d’un seul bloc, les bras tendus, les voix s’unissent. Ce soir, le public est d’une diversité frappante : des jeunes, des moins jeunes, des carrément plus jeunes du tout, ou bien jeunes depuis très longtemps. On croise même des familles avec des enfants trop petits pour slamer (et pourtant, demain c’est école…). Tous ces visages différents sont unis par une même envie : déchaîner leur énergie au son des tubes de Turnstile.

Et comme pour rappeler que le spectacle est autant dans la salle que sur scène, une caméra se faufile au milieu de la foule, captant les visages rougis, les corps qui s’entrechoquent, les slameurs qui affluent sur scène. La moitié du temps, l’écran géant diffuse ces images de chaos joyeux : le public devient acteur, miroir vivant de l’énergie déchaînée. Car si tout ce petit monde est là pour la bagarre, c’est une collision bienveillante qui se déroule dans la fosse. Les mosh pits, pourtant intenses, ne voient sortir aucun blessé : ce soir on se fracasse avec amour et respect siouplai.

Avec Don’t Play et Real Thing, la cadence s’accélère. Les circle pits se forment, les spectateurs se portent les uns les autres, crowdsurfers flottant au-dessus des têtes. La sueur coule, les visages rougis s’illuminent de joie furieuse. On est dans une transe collective, une fête où la brutalité se transforme en communion.

Puis vient une respiration : Light Design, Sunshower. Les visuels psychédéliques enveloppent la salle, les couleurs se diffusent comme des halos. Les spectateurs reprennent leur souffle, mais leurs yeux brillent, prêts à replonger. Et quand Keep It Moving démarre, la vague repart, plus forte encore, comme si personne ne voulait lâcher prise.

 Turnstile au Zénith de Paris

Turnstile au Zénith de Paris

 Turnstile au Zénith de Paris

Turnstile au Zénith de Paris

 

La seconde moitié du set est une succession de secousses : Pushing Me Away, Fly Again, Sole Ceiling, Seein’ Stars. Chaque morceau est accueilli par une clameur, chaque riff déclenche une nouvelle déferlante. Le Zénith vibre comme un seul organisme, respirant et hurlant à l’unisson.

Le climax arrive avec Holiday et Look Out for Me. Les hymnes transforment la salle en une fête totale : les gradins chantent aussi fort que la fosse, et l’énergie devient irrépressible. On ne sait plus si ce sont les musiciens qui portent le public ou l’inverse.

Et puis, l’ultime déflagration : Mystery, Blackout, Birds. Le final est apocalyptique. Mystery lance la dernière vague, Blackout embrase la salle dans une transe collective, et Birds conclut dans une atmosphère quasi mystique. Les visuels psychédéliques se mêlent aux cris, aux pogos, aux bras tendus. Le Zénith est devenu une mer en furie, une fête incontrôlable, une communion totale.

Quand les lumières se rallument, les visages sont heureux, les cheveux en bazar le plus total, les sourires immenses. Les spectateurs s’attardent, incapables de quitter l’instant. Ce soir-là, Turnstile n’a pas seulement joué au Zénith : ils ont confirmé leur statut de phénomène, transformant Paris en un gigantesque pogo, une célébration furieuse où chaque spectateur est reparti avec le sentiment d’avoir vécu bien plus qu’un concert… un raz-de-marée d’énergie. Une vague puissante, déferlante et bienveillante, qui a emporté tout le monde sans distinction et laissé derrière elle des sourires incrédules.

 

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