Rick Davies Supertramp

Rick Davies (1944–2025) : l’âme grave et groovy de Supertramp

par | 10 Sep 2025 | Actus, Musique

⏱ Temps de lecture : 3 min

Le rock perd un architecte de l’ombre. Rick Davies, fondateur de Supertramp, claviériste visionnaire et voix profonde du groupe, s’est éteint le 5 septembre 2025, à 81 ans. On se souviendra de lui non pas comme du “copilote” de Roger Hodgson, mais comme du moteur discret qui a fait tourner la machine Supertramp pendant plus de quatre décennies.

Texte by Punky

Rick Davies Supertramp 3

 

L’homme derrière le Wurlitzer

On a souvent résumé Supertramp à un duel de plumes : Hodgson, le rêveur, la voix haut perchée, contre Davies, le terrien, le groove dans la poitrine. Mais réduire Rick à un contrepoint, c’est oublier que son jeu de clavier électrique a défini la couleur du groupe. Son arme fatale : le Wurlitzer. Pas une note douce ou feutrée façon lounge, mais un son claquant, métallique, qui donnait à Bloody Well Right ou Goodbye Stranger leur nervosité unique. Là où Hodgson tirait vers le céleste, Davies rappelait à la gravité. L’équilibre parfait.

 

Une carrière jalonnée de claques

  • 1974 – Crime of the Century : l’acte fondateur. Rick balance Bloody Well Right, un hymne sarcastique qui prouve que le rock progressif peut aussi être groovy et acerbe.
  • 1979 – Breakfast in America : l’album-symbole. Derrière les tubes portés par Hodgson (The Logical Song), Davies impose Goodbye Stranger, falsetto grave et riff entêtant, véritable ADN du groupe.
  • 1985 – Brother Where You Bound : après le départ d’Hodgson, Rick prouve que Supertramp vit encore. Une fresque de 16 minutes sur la Guerre froide, avec David Gilmour en guest à la guitare.
  • 2002 – Slow Motion : dernier disque studio, qui confirme qu’il n’a jamais cherché la mode, mais la cohérence.

 

 

Un leader discret mais obstiné

Rick Davies n’était pas une “rockstar” flamboyante. Peu d’interviews, encore moins de punchlines médiatiques. Mais derrière les claviers, c’était un capitaine têtu, celui qui a maintenu le navire Supertramp à flot après le départ de Hodgson en 1983. Là où beaucoup auraient jeté l’éponge, Davies a préféré avancer, lentement mais sûrement, jusqu’à ce que la maladie l’arrête en 2015.

 

Une influence sous-estimée

Les musiciens savent. Derrière son profil bas, Rick a influencé toute une génération de claviéristes et de songwriters. Son usage agressif du Wurlitzer a ouvert la voie à des groupes comme Jamiroquai, Keane ou même Muse, qui ont repris cette logique du clavier comme instrument lead. Son écriture, plus sombre et ironique que celle d’Hodgson, a donné à Supertramp une profondeur qui l’a éloigné du simple “soft rock” étiqueté par la presse américaine.

Supertramp, c’était l’équilibre entre l’optimisme et le cynisme. Et Rick, c’était le cynisme élégant.

 

 

Le départ d’un survivant

Diagnostiqué d’un cancer en 2015, Davies avait dû annuler la tournée mondiale de Supertramp. Mais il a tenu dix ans de plus, en résistant avec la même force tranquille qui l’avait toujours défini. Pas de scandales, pas de bruit. Juste un homme, son piano, et une carrière qui a laissé des millions de fans avec des souvenirs gravés dans le marbre sonore.

 

Héritage : Goodbye Stranger, Hello Legend

Rick Davies ne faisait pas de grands discours. Mais son œuvre, elle, continue de parler :

  • Les intros de School ou Crime of the Century.
  • Le groove insolent de Bloody Well Right.
  • La gravité de Goodbye Stranger.

Ce sont des morceaux qui ne vieillissent pas, car ils reposent sur une chose rare : une identité sonore inimitable. En 2025, alors que les rockstars “bigger than life” disparaissent une à une, Rick Davies nous rappelle qu’on peut marquer l’histoire sans artifices, sans ego démesuré. Juste avec un clavier, une voix grave, et un sens du groove que personne n’a jamais su copier.

 

Verdict 

Rick Davies n’était pas un “stranger”. Il était la colonne vertébrale de Supertramp, l’ombre qui donnait du relief à la lumière. Et si tu écoutes aujourd’hui Goodbye Stranger, ce n’est pas un adieu. C’est un rappel : le rock, même sophistiqué, peut être sale, ironique et groovy.

Rick, mission accomplie.