Il y a des groupes qui n’ont pas vocation à végéter dans l’ombre. Wings of Steel fait partie de cette team : des mecs qui montent sur scène comme on entre dans l’arène, et qui balancent un heavy metal pur et généreux. À Nancy au Heavy Week-End, ils ont ouvert la deuxième journée du fest avec un set qui a mis tout le monde à genoux, juste avant Vanden Plas, Europe et Dream Theater.
Pas évident d’attaquer en premier sur un gros plateau : ces jeunes étalons l’ont fait sans trembler, en balançant riffs solides, chant habité et attitude glam comme on l’adore, jusqu’au fond du pit. Pas d’artifices, pas de chichis, juste cette flamme heavy brute et vivante, qu’on pensait éteinte depuis trop longtemps.

Photo by Nicolas Keshvary
La foudre heavy
Wings of Steel, c’est le Suédois Leo Unnermark au chant et le Californien Parker Halub à la guitare. Depuis 2019, ils tracent leur route en mode 100 % indépendant : un premier EP en 2022, un album marquant Gates of Twilight en 2023, puis un live capté en France fin 2024 qui a définitivement validé leur réputation. Et là, boum : un nouveau single, « Winds of Time », plus de 10 minutes d’épopée heavy qu’on a eu la chance de découvrir en avant-première sur scène ce samedi 7 juin au Heavy Week-End, avant sa sortie officielle le 13 juin accompagnée d’un clip épique. Qui ose encore balancer ça en 2025 ? Eux, et on les bénit pour ça.
On est allés discuter avec Leo et Parker en coulisses, encore portés par l’adrénaline du live achevé 2h plus tôt.
Rock Sound : Vous venez juste de sortir de scène. Comment ça s’est passé pour vous sachant que vous êtes le premier groupe du festival aujourd’hui ?
Leo ( WINGS OF STEEL) : Franchement, c’était génial. C’est un super feeling de voir que même en étant le premier groupe, pas forcément très connu sur une affiche assez réputée, il y a quand même beaucoup de monde qui arrive tôt. Et au fur et à mesure qu’on jouait, des gens continuaient à entrer parce qu’ils entendaient le son. Genre « c’est quoi ça ? ». Ça fait plaisir. Je pense qu’on a assuré un super set. L’énergie était top. On a toujours une connexion incroyable avec le public ici en France, à chaque fois qu’on joue. C’est la deuxième fois qu’on revient en France, et notre troisième concert en France, ouais.
Parker ( WINGS OF STEEL) : Oui, je rajouterais aussi que ce concert, c’est la plus grande scène qu’on ait jamais faite et le plus gros public. Et pour nous, quand on a lancé le groupe il y a cinq ans à peu près, c’est vraiment incroyable de pouvoir enfin venir ici et jouer à cette échelle, exactement comme on l’avait toujours rêvé. Du coup, c’est encore plus spécial pour nous ce soir.
Rock Sound : D’accord, alors troisième concert en France pour vous, et vous avez déjà sorti un live après seulement un EP et un album. Beaucoup de groupes attendent trois ou quatre albums avant de sortir un live. Pourquoi un live si tôt, et surtout pourquoi en France particulièrement ?
Parker : En vérité, c’est qu’on n’avait pas prévu de le faire. Mais notre ami Olivier ici présent (Olivier Garnier – NDLR), après le deuxième concert qu’on a joué en France, à Lille, nous a dit « j’ai enregistré le concert, si vous voulez en faire un live, allez-y ». Donc c’est ce qu’on a fait.
Leo : Ouais, c’était un peu un coup de bol. Rien n’était prémédité. Et la beauté de la chose, c’est que comme on ne savait pas que c’était enregistré, ça n’aurait pas pu être plus « live » que ça! Ce n’est pas retouché. Le groupe ne savait même pas que ça tournait. Donc c’est littéralement ce que tu obtiens de n’importe quel show sur cet album live !
Rock Sound : Alors rien n’était programmé ?
Leo : Non, rien n’était programmé ! Enfin, entre Olivier et les mecs de la salle, sûrement, mais nous, on ne savait pas. Et pourquoi Lille ? Écoutes, la date s’est super bien vendue, et je pense qu’il savait d’avance qu’à Lille, il y aurait un public bien chaud pour le heavy metal — et ça s’est vérifié.
Parker : La salle sonnait super bien aussi. Et puis, tu posais la question sur le fait de le sortir si tôt, on a pris cette décision en grande partie parce que notre groupe est encore géographiquement séparé. Une partie des musiciens est aux États-Unis, et l’autre en Europe. Du coup, c’est compliqué pour nous de jouer autant qu’on le voudrait. Ce live, c’était notre dixième concert depuis la création du groupe. Donc on voulait partager cette expérience live parce qu’on a peu d’occasions de tourner. Au moins, ça permet de montrer aux gens « voilà ce qu’on fait », brut, sans retouche. Si un jour ils viennent nous voir, ils sauront à quoi s’attendre.

WINGS OF STEEL – Photo by Nicolas Keshvary
Rock Sound : Ok je comprends, justement vous parliez de dispersion géographique concernant le groupe, êtes-vous vraiment un duo avec des musiciens supplémentaires, ou un vrai groupe à cinq finalement ?
Leo : Alors la dynamique, c’est que Parker et moi, on écrit tout ensemble depuis le début. On enregistre quasiment tout nous-mêmes, sauf la batterie. Et là, on travaille avec des musiciens incroyables. C’est la deuxième tournée qu’on fait avec eux. On espère pouvoir garder ce line-up, histoire d’avoir un truc plus stable. Mais oui, le noyau, ça reste Parker et moi. Tout le monde est d’accord avec ça et on adore bosser ensemble.
Parker : Oui, c’est exactement ça. On a commencé à deux, on a tout construit ensemble. Maintenant on a Matt, Stefan, et Marcel, qui bossent avec nous depuis un moment. On espère continuer à développer la chimie avec eux. C’est juste la dynamique qu’on a trouvée.
Leo : On a toujours eu envie de présenter Wings of Steel comme un vrai groupe, mais la manière dont on fait les choses nous convient très bien, on aime cette liberté, et je pense que le plaisir, c’est le plus important pour rester authentique.
Parker : Exactement. Entre Leo et moi, ça s’est développé très naturellement, et on n’a pas envie de forcer des musiciens à rentrer dans le projet juste pour dire « on est cinq ». En réalité, la plupart des groupes c’est toujours quelques personnes qui portent le truc et d’autres qui gravitent autour, et ce n’est pas grave. Tant que tout le monde est à l’aise, qu’il y a une bonne ambiance, et que la musique est au top c’est l’essentiel, on assume parfaitement cette dynamique et on verra où ça nous mène.
Rock Sound : Oui, on ressent bien cette alchimie dans vos albums, en live aussi. Vous vous êtes rencontrés à l’université, c’est ça ?
Leo : Oui, on s’est rencontrés en étudiant la musique à Hollywood, et je pense que dès la première seconde, on s’est super bien entendus. Il y a vraiment une connexion fraternelle entre nous. On a même vécu ensemble longtemps, que ce soit à Hollywood ou à Thousand Oaks. On écrit ensemble depuis des années. Il n’y a pas encore énormément de titres sortis, mais on a composé beaucoup plus que ça. On se connaît par cœur, musicalement, mais aussi humainement. C’est mon frère, tu vois.
Parker : Oui c’est fou, ça fait déjà plus de six ans qu’on se connaît, je crois que j’avais 16 ans quand je l’ai rencontré ! (Rires)
Rock Sound : D’ailleurs, je peux me permettre de vous demander votre âge ?
Parker : J’ai 23 ans.
Leo : Et moi je crois que j’ai 27… ou 28 ans ? Je suis né en 97, je ne compte plus vraiment depuis mes 21 ans ! (Rires)
Rock Sound : À la fin du concert, vous avez parlé d’un nouveau single qui sort la semaine prochaine ?
Parker : Oui, vendredi prochain, le 13 juin, sur toutes les plateformes, et il y aura aussi un clip vidéo, c’est un morceau de 10 minutes !
Leo : C’est un projet de dingue ! Quel groupe normalement constitué fait ça ? Nous ! Et sans label (Rires)
Rock Sound : Donc ça annonce clairement un nouvel album d’ici la fin de l’année ?
Leo : Oui, il arrive cette année, la date exacte reste encore à confirmer pour l’instant.
Parker : On veut d’abord mettre le focus sur le single, le faire vivre un peu, et puis rapidement après, vous entendrez la suite.
Rock Sound : Alors c’est déjà enregistré ?
Parker : Oui tout est prêt, ça arrive !
Rock Sound : Et est-ce que l’on peut connaître le titre de l’album ?
Parker : Ce sera le même nom que le single, Winds of Time.
Rock Sound : C’est super merci beaucoup pour ces infos !
Parker : Avec plaisir !

WINGS OF STEEL – Photo by Nicolas Keshvary
Rock Sound : Une dernière question : dans le heavy metal, l’image est presque aussi importante que le son. Chez vous, le cuir, les cheveux longs, c’est un statement ou juste un kif ?
Leo : Les deux oui, c’est vraiment les deux ! En fait, dès le début, on s’habillait déjà comme ça quand on s’est rencontrés. Tu vois, forcément, on adorait les looks de tous nos groupes favoris lorsqu’on était plus jeunes, pour nos shows ça donne aussi un super style, pour notre image, ça fonctionne bien.
Parker : Ouais, mais ça n’a pas commencé à ce moment-là! (Rires)
Leo : C’est vrai ! Là où j’ai grandi, en Suède, j’étais le seul mec à ressembler à ça !
Parker : Pour moi aussi c’était pareil, là où j’ai grandi, et pour notre génération, c’était un peu décalé (Rires)
Leo : Oui, il fallait aller à Los Angeles pour trouver un autre gars qui avait ce style !
Parker : Pareil chez moi, il fallait aller à L.A. pour trouver un mec comme ça ! (Rires)
Rock Sound : Merci beaucoup les gars !
Leo et Parker : Merci à vous !
Wings of Steel est de ces groupes qui nous rappellent pourquoi on aime tant le heavy : la passion, le talent, le style et ce feu qui brûle plus fort en live qu’ailleurs. Avec leur futur album Winds of Time prévu en octobre via High Roller Records, et un passage en septembre à Torreilles près de Perpignan, au Pyrenean Warriors Open Air, on va encore en entendre parler. Et on signe tout de suite pour en reprendre.