Après le succès hors norme des quatre premiers tomes de « Faut pas prendre les cons pour des gens« , Emmanuel Reuzé signe un cinquième opus toujours plus cynique, drôle et n’épargnant aucun sujet de société.
Si vous êtes sur Rocksound, c’est qu’en plus d’aimer le rock (quelle idée !), vous êtes/avez été un chouia misanthrope, non ? Ou tout du moins anti-con, pognon, système. C’est là que l’humour absurde d’Emmanuel Reuzé, épaulé de Jorge Bernstein et Vincent Hadiquet viendra tutoyer votre révolte. Chaque planche de « Faut pas prendre les cons pour des gens » est composée d’un gaufrier photocopié jusqu’à ce que la chute amène une case inédite venant maximiser l’effet comique, souvent surprenant. Le principe n’est pas nouveau : c’est celui que pratique Fab Caro depuis de nombreuses années pour un dessin moins abouti cependant que celui de Reuzé.
Le lecteur ne trouvera ici aucune trace de poésie, de tendresse pour des personnages déshumanisés d’un capitalisme prêt à toutes les absurdités comme taxer le bonheur (le meilleur gag de l’album) ou à faire du SDF Marcel Mendicity (!), une patron de startup de mendicité.
Emmanuel Reuzé a collaboré avec Didier Super et c’est le même humour : celui de l’acceptation, de la renonciation à vouloir donner un sens au capitalisme sauvage, de jouer avec ses déviances comme un sale gosse qui aurait appris à ne plus souffrir d’une fessée déculottée. Départ à la retraite à 90 ans, instauration du PDG de la république accouchement sous selfie, expulsions des français improductifs, cette connerie à peine engagée pourrait même devenir prémonitoire.
Assurément l’album le plus drôle publié chez Fluide Glacial avec le « Trois cases pour une chute » de L’Abbé. Franquin serait fier. Desproges aussi.
Faut pas prendre les cons pour des gens par Emmanuel Reuzé
Fluide Glacial – 54 pages -13.90€